- PARATHYROÏDES
- PARATHYROÏDESLes constatations convergentes faites chez l’homme et chez l’animal, la confrontation des syndromes d’hyposécrétion et d’hypersécrétion des parathyroïdes permettent d’affirmer que la fonction principale de ces glandes endocrines est de participer à la régulation du métabolisme phosphocalcique . Leur rôle essentiel est la régulation de la calcémie et de la phosphorémie, car le métabolisme des ions phosphate du sang est relié à celui des ions calcium. La concentration plasmatique du calcium varie suivant un rythme circadien. Pour simplifier, on admet que la valeur du calcium plasmatique est de 100 梁 5 mg p. 1 000. Des variations anormales de cette concentration peuvent troubler gravement le fonctionnement d’un grand nombre de tissus et de systèmes d’organes, le squelette, bien sûr, mais aussi les systèmes nerveux, cardiaque, musculaire.Anatomie, embryologie, histologieDe petites glandes juxtathyroïdiennes sont décrites par J. F. H. Albers en 1842, R. Remak en 1855, R. Virchow en 1863 chez divers Mammifères. I. Sandström, en 1880, fait une description précise des quatre glandes parathyroïdes de l’homme, dont le volume ne dépasse pas celui d’un grain de mil. Elles sont situées les unes à la partie postérieure de la glande thyroïde, en dehors de sa capsule, les autres au pôle inférieur des deux lobes de cette glande (fig. 1).L’étude embryologique de A. Kohn, en 1895, démontre que les glandes parathyroïdes sont indépendantes des thyroïdes. Elles dérivent, en effet, de la portion dorsale du revêtement endodermique des troisième et quatrième poches branchiales. Leur localisation anatomique précise est assez variable d’un sujet à l’autre. Ces glandes existent chez les Mammifères, les Oiseaux, les Reptiles, les Amphibiens; elles n’ont pas été trouvées chez les Poissons.Dans ces glandes «trabéculaires non orientées», on distingue des cellules claires (chromophobes) et des cellules granuleuses (chromophiles ou oxyphiles). Les premières, les plus nombreuses, appelées aussi cellules principales (fig. 2), contiennent du glycogène et apparaissent vacuolisées dans certaines préparations (cellules spumeuses de type clair). Plusieurs types cellulaires ont été individualisés qui correspondent aux différents stades du cycle sécrétoire: repos, mise en charge, stockage et excrétion (M. et C. Aron).PhysiologieG. Vassale et F. Generali réussissent en 1900 l’ablation des parathyroïdes chez le chien et le chat, sans léser les thyroïdes. L’opération détermine des crises tétaniques, c’est-à-dire des contractures des muscles des extrémités et des membres, pouvant se généraliser (G. Moussu, 1898). L’ablation totale de ces glandes peut être mortelle chez les carnivores; ses effets sont moins graves chez les herbivores, dont l’alimentation est plus riche en calcium. De même, la croissance, la gestation, l’allaitement (conditions dans lesquelles les besoins de l’organisme en calcium sont augmentés) favorisent l’apparition de crises tétaniques, parfois mortelles, après une parathyroïdectomie partielle; cette ablation incomplète est bien tolérée par l’animal adulte sain.L’administration de sels de calcium empêche l’apparition d’une tétanie chez l’animal parathyroïdectomisé (C. Parhon, 1908). La calcémie est basse chez les sujets sans parathyroïdes (W. G. MacCallum, 1909), cependant que la phosphorémie augmente (I. Greenwald, 1924). Toutefois, en clinique humaine, l’insuffisance parathyroïdienne peut déterminer l’apparition de crises tétaniques sans altération des taux du calcium et du phosphore dans le sang.L’hormone parathyroïdienneLa sécrétion parathyroïdienneA. M. Hanson (1923) et J.-B. Collip (1925) ont obtenu une préparation active d’hormone parathyroïdienne (ou parathormone) par l’hydrolyse acide (HCl) de glandes de bœuf. G. D. Auerbach (1959) et H. Rasmussen (1964), mettant en œuvre le phénol dans les procédés d’extraction et la chromatographie dans les opérations de purification, ont réussi à isoler l’hormone. Il s’agit d’une chaîne polypeptidique simple, d’un poids moléculaire d’environ 9 000, possédant une activité caractéristique sur l’os, le rein et l’intestin.Il existe des méthodes de dosage de l’hormone qui mettent à profit soit certains de ses effets métaboliques soit certains de ses effets métaboliques sur le calcium (détecté chez l’animal par le calcium 45), soit ses propriétés immunologiques (dosage radio-immunologique par l’hormone marquée à l’iode 131). La demi-vie de l’hormone dans le sang circulant serait de 10 à 20 minutes. Sa dégradation a lieu dans le tissu hépatique.La sécrétion des parathyroïdes est stimulée par la chute du taux du calcium plasmatique. Des expériences de culture d’organes ont montré une relation inverse entre la concentration en calcium du milieu d’incubation et la production d’hormone parathyroïdienne par des glandes parathyroïdes transplantées. En outre, il a été reconnu que les concentrations des ions calcium (Ca2+) et des ions phosphate (PO43-) du plasma se comportent, en général, comme si le produit Ca2+ 憐 P43- est constant. Entre certaines limites, l’augmentation du phosphate plasmatique cause une diminution du calcium sérique et réciproquement. Bien qu’on ne puisse pas ignorer que les variations du phosphate sérique jouent un rôle direct en déclenchant la sécrétion parathyroïdienne, plusieurs arguments expérimentaux suggèrent que le signal physiologique pour les glandes parathyroïdes est soit une concentration faible du sérum en calcium ionisé, soit une chute de cette concentration.Actions de l’hormone parathyroïdienneDeux théories s’opposaient quant aux effets de la parathormone sur la régulation du métabolisme phosphocalcique. Suivant l’une, l’action primaire de l’hormone se situerait au niveau des os, provoquant une hypercalcémie; suivant l’autre, l’action sur le rein, accompagnée de phosphaturie élevée, jouerait le rôle prépondérant. On admet généralement aujourd’hui que ces effets sont tous deux primaires, indépendants et complémentaires.Actions sur l’os, le rein et l’intestinDans les trois structures (os, rein, intestin) concernées dans le maintien de la calcémie, les mouvements du calcium surviennent en l’absence d’hormone parathyroïdienne; les processus biochimiques qui sont à l’origine de ces mouvements existent donc, l’hormone jouant comme d’habitude un rôle stimulant et facilitant. Les vitesses auxquelles le calcium est transporté en dehors de l’os, à travers l’intestin et en direction de l’urine, sont influencées par l’hormone parathyroïdienne.L’hormone agit directement sur l’os , déterminant une libération de calcium dont la concentration augmente dans le sang, de même que celle du phosphore. L’ablation des glandes a des effets humoraux inverses.En ce qui concerne le rein , l’hormone parathyroïdienne augmente les excrétions urinaires des phosphates, du sodium et du potassium et réduit celles du calcium, du magnésium et des ions hydrogène. Ces effets relèvent sans doute de changements de l’activité tubulaire rénale.L’absorption intestinale du calcium dépend dans une certaine mesure de la présence de l’hormone et aussi de la vitamine D. Certains des effets de la parathormone sont d’ailleurs à peu près comparables à ceux de la vitamine D. En effet, cette dernière ne favorise pas seulement l’absorption intestinale du calcium, mais elle exerce aussi une action sur l’ostéolyse avec production de citrate.L’hormone parathyroïdienne augmente donc le calcium sérique, soit en facilitant l’absorption intestinale du calcium et en inhibant sa fuite rénale (fig. 3), soit en diminuant la phosphatémie qui aurait pour effet secondaire de permettre à une plus grande quantité de calcium d’être mobilisée.Mécanisme d’action de l’hormone parathyroïdienneNon seulement le mécanisme cellulaire d’action de l’hormone parathyroïdienne est inconnu, mais on ne sait même pas avec certitude quelles cellules sont sous contrôle. Les «candidats» les plus évidents sont les ostéoclastes, les cellules tubulaires rénales, les cellules de l’épithélium intestinal, les cellules de la glande mammaire et, probablement, d’autres cellules des tissus mous non déterminés, comme le muscle.L’action de l’hormone parathyroïdienne sur l’os résulterait de trois mécanismes principaux: activation des ostéoclastes (cellules destructrices de l’os); dissolution des microcristaux d’hydroxyapatite, du fait de la production par les ostéoclastes de métabolites «solubilisateurs», tels les acides citrique, lactique et tartrique; dépolymérisation des mucopolysaccharides de la matrice organique de l’os par des enzymes sécrétées par les ostéoclastes. Toutefois, d’une part, la théorie exclusive du citrate n’est plus acceptée maintenant; d’autre part, le rôle de la parathormone dans la production et la libération des enzymes catalysant la dépolymérisation des mucopolysaccharides reste à démontrer.Suivant H. Rasmussen (1967), P. Fourman (1968) et divers auteurs, l’action de l’hormone se situerait au niveau des mitochondries et de la perméabilité cellulaire, ce qui rendrait compte des effets de l’hormone au niveau des tissus différents.Une hormone polypeptidique d’origine thyroïdienne, la calcitonine , intervient, elle aussi, dans la régulation du métabolisme phosphocalcique. En ce qui concerne la calcémie, la parathormone et la calcitonine sont antagonistes; elles sont synergiques en ce qui concerne la phosphatémie.Syndromes parathyroïdiensLes syndromes d’origine parathyroïdienne observés chez l’homme résultent soit de l’excès (hyperparathyroïdisme), soit de l’insuffisance de production de l’hormone (hypoparathyroïdisme).Hyperparathyroïdisme primitifL’hyperparathyroïdisme primitif a généralement pour cause la formation d’un adénome parathyroïdien soit dans une glande normale, soit au dépens d’un tissu parathyroïdien aberrant.Il s’agit, suivant J.-A. Lièvre (1966), d’une maladie relativement rare (environ six cents cas publiés) pouvant débuter à un moment quelconque de la vie, avec essentiellement des atteintes rénales et osseuses: déminéralisation diffuse du squelette visible radiologiquement, lithiase rénale, c’est-à-dire formation de calculs, associée ou non à des dépôts calcaires dans le parenchyme rénal (néphrocalcinose) et à une insuffisance rénale. Des troubles digestifs en rapport avec un ulcère, plus souvent duodénal que gastrique, de la fatigue, des douleurs osseuses, etc., en sont les manifestations cliniques les plus fréquentes.L’hypercalcémie (120 à 130 mg p. 1 000 et plus), avec hypercalciurie (200 mg p. 1 000), l’hypophosphorémie (25 mg p. 1 000 environ) et l’hyperphosphaturie constituent les perturbations biologiques les plus fidèles.Le traitement chirurgical (ablation des formations tumorales hypersécrétantes) donne des résultats très satisfaisants.HypoparathyroïdismeL’hypoparathyroïdisme se traduit cliniquement par des crises de tétanie aiguës qui réalisent des attitudes particulières très révélatrices, telles la «main d’accoucheur»; les crises durent quelques minutes, parfois plusieurs heures, et se répètent à des intervalles plus ou moins espacés; mais, entre les accès, persiste généralement un état de tétanie latente , ou spasmophilie, caractérisé par une hyperexcitabilité mécanique et électrique des nerfs. On observe également des troubles encéphalitiques (manifestations comitiales, altérations psychiques), des troubles trophiques conduisant à des lésions du cristallin (cataracte), des dents, des ongles...Les signes biologiques sont essentiellement une calcémie basse, une diminution du fond calcique tissulaire, mesuré par le calcium 34 (H.-P. Klotz, G. Milhaud), l’apparition de «multiplets» à l’enregistrement des potentiels électriques émis spontanément par les muscles (électromyogramme de type tétanique), des altérations de l’électroencéphalogramme...Les déficits de la fonction parathyroïdienne sont d’origines diverses; ils peuvent, entre autres, être secondaires à une carence calcique (pauvreté des apports ou exagération des pertes urinaires ou fécales). Suivant H.-P. Klotz, un hypoparathyroïdisme fruste existe dans la spasmophilie constitutionnelle (tétanie chronique constitutionnelle), maladie relativement fréquente.Le traitement de l’hypoparathyroïdisme, aigu et chronique, comporte l’administration judicieuse de sels de calcium et de substances médicamenteuses qui rétablissent la calcémie: la vitamine D2 (calciférol), le dihydrotachystérol. Il serait logique d’utiliser la parathormone, qui donne d’excellents résultats, mais certaines difficultés de préparation et d’administration ne sont pas entièrement résolues.
Encyclopédie Universelle. 2012.